ARLO

Arlo il avance le cœur lourd à cause de la décision prise la veille. Il pénètre l'hôpital, une bouteille de Bailey's à la main, le petit ruban jaune autour qui laisse deviner l'intention altruiste. Évidemment la réception le retient beaucoup trop longtemps, lui qui voulait juste marquer son nom d'un peu d'ancre se retrouve forcé à faire la conversation, tout ça à cause de l'excentricité du bout du ruban. Jaune comme sa couleur préférée, une singularité apparemment, dans un monde où les rubans se doivent d'être rouges à moins qu'on veuille se retrouver alpagué.

Arlo il entend à peine les mots de la réceptionniste. C'est en ce genre d'instant qu'il use de son super-pouvoir : il quitte son corps l'espace d'un instant, il contemple l'action, les mots qui virevoltent autour de sa tignasse indomptable sans jamais vraiment pouvoir pénétrer ses oreilles. La scène se transforme rapidement alors que les pensées l'assaillent. Arlo il a l'impression d'assister au chef d’œuvre cinématographique qu'il aura jamais le courage de réaliser. Il se contente de figurer, pour ça il est si doué, tellement qu'il en a fait son métier.

La peur refait bien vite surface, comme une bourrasque, tellement fort qu'il en revient dans son propre corps. Un sourire poli et des excuses, sa vie en résumé. Il se dirige vers la chambre du grand-père qu'il n'a jamais eu ou peut-être dont il n'a jamais vraiment su profiter. Peut-être qu'il n'est pas trop tard pour pardonner.

Gamin banal ou génie surestimé ? Il n'en a jamais été sûr lui-même. Il a toujours eu la tête remplie des rêves dans lesquels il se réfugie encore aujourd'hui, mais l'air sur son visage n'en reflète plus rien. Elle lui a appris à dresser des murs entre lui et les autres, la vie. Il a l'air bien banal, bien fort, bien cool parce que c'est parfois le meilleur moyen de se fondre dans le décor. Jamais vraiment compris par autrui, il a appris à se taire et ça lui a bien servi d'être beau. Ils aiment le superficiel, les gens normaux. Arlo il tolère à l'extrême, il fuit les environnement propices au jugement, au faux et à son usage tandis qu'il est passé maître dans l'art de la façade.