DANTE

Le clapotis de l'eau sur trottoir que tu contemples de la fenêtre de ton appartement. T'as une bière à la main, comme d'habitude et des pensées moroses plein la tête. T'es gangrené de regrets, de mirages et de « et si ». Si t'avais pas eu cette putain de blessure.  Et si t'avais pu conserver ta bourse universitaire. Et si t'avais pas été aussi con. Tu vois défiler les images d'une vie meilleure. Les points serrés. Chaque goutte s'ajoutant au nombre des repentirs.

T'es le mec bourru du 3ème étage. Celui que les gamins évitent sur le trottoir. Sale gueule, pas aimable pour deux sous. T'essaies pas de te faire apprécier. Mais l'ours mal léché peut parfois s'adoucir. Les élus sont rares mais il suffit de savoir comment te prendre. Peu s'y sont essayés. Et ça te va bien. Les gens, tu les préfères loin de toi.

Fils d'ouvrier, t'as longtemps été la success story de Silent Hill. Portant fièrement les couleurs de la ville aux championnats nationaux. Enfant chéri de la ville, roi de ta promotion. Charismatique et populaire avec la plus belle des fleurs à ton bras. T'étais une supernova qui avait explosée en plein vol. Dans le regard de ceux qui t'ont connu avant ta chute, il n'y a plus que de la pitié. Du moins, ne vois-tu que ça.

Après une très longue convalescence et quelques années passées dans les montagnes auprès d'un camp de survivalistes, t'es de retour à Silent Hill. Tu retrouves d'anciens amis qui ne te reconnaissent plus. Ils cherchent à te secouer, à faire ressortir le garçon ambitieux au sourire et au charme ravageur. Toi tu leur craches à la gueule. Et ce soir là, t'étais allé trop loin. L'alcool dans ton sang t'avais fait perdre toute mesure et t'avais frappé ton meilleur ami. C'est lui que t'es venu voir. Pour t'excuser. Il aurait pu porter plainte. Il aurait du même. Mais non. Et tu te sens encore plus misérable.